CO/CREATE
15.04.23 – 13.05.23
CO/CREATE est une exposition immersive qui rassemble les projets collaboratifs de neuf artistes émergents basés à Tiohtià:ke/Montréal : Bianca Shonee Arroyo-Kreimes (Shonee), Bayleigh, Taoyu Chen (Riven), Ahmed Drebika, Jules Galbraith, Jorge Luis García González, Isaiah Iseghohi (Dayhills), Melannie Jonas-Ng, Vivian Li.
Ces artistes explorent la notion de worldbuilding, ou la construction de mondes, à travers six univers immersifs créés dans le cadre d’une résidence de groupe au World Creation Studio (WCS). En faisant recours à la réalité virtuelle et à l’audio spatialisé, les artistes ont collaboré à la création d’expériences immersives distinctes qui remettent en question nos perceptions de la création numérique et mènent à réfléchir sur ce que signifie la construction de mondes dans le moment présent – ici et maintenant. Mais cet ici et maintenant tire sa dimension sociale et politique, sa pertinence, du contexte écologique actuel, marqué par des preuves tangibles du changement climatique qui coexistent avec un désir frénétique d’explorer des mondes virtuels et extra-planétaires (alors que les grandes entreprises cooptent des termes tels que métaverse, que les milliardaires investissent dans l’exploration spatiale et que les consommateur.ice.s sont invité.e.s à migrer leur vie vers des mondes générés par ordinateur ou à faire défiler à l’infini le contenu vide des réseaux sociaux). S’engager dans la construction de mondes et y réfléchir dans ce contexte semble être une démarche nécessaire, qui n’est pas dépourvue d’ironie.
Pourtant, dans le cas de WCS, ce processus d’imagination et de création de mondes synthétiques reflète l’intérêt fondamental du studio pour l’organisation d’un espace artistique communautaire qui met l’accent sur le partage des ressources (équipement, espace, logiciel) ainsi que des idées et des connaissances. En bref, pour WCS, la construction de mondes est une exploration collective de la construction d’une communauté dans le milieu de l’art, de la science et de la technologie à Montréal. À ce titre, iels ont créé un modèle de résidence unique : l’appel sollicitait les candidatures d’artistes intéressé.es par une collaboration potentielle à travers la création d’expériences augmentées, virtuelles et sonores ; la résidence a été composée de périodes intensives de production et d’apprentissage, par exemple à travers des ateliers animés par les membres de l’équipe WCS – un réseau d’artistes, de concepteur.ice.s et de technologues ayant une gamme d’expertises ancrées dans la collaboration digitale. Avec quatre mois d’accès aux studios et aux ressources de WCS, les artistes en résidence ont participé à des sessions de feedback formelles et informelles, apprenant à se connaître, à échanger des idées et à se familiariser avec chaque projet ; ce processus a naturellement mené à un partage des compétences et à la possibilité de travailler ensemble en tant que co-auteur.ice.s. Ce format de résidence collaborative a eu un impact direct sur les aspects conceptuels et formels des six mondes de RV qui composent cette exposition. Tout au long du développement de CO/CREATE, les artistes ont collectivement imaginé des moyens de démêler la construction de mondes des voiles du colonialisme et du consumérisme, en faisant face à la réalité selon laquelle, pour construire un monde, il faut tenir compte des histoires et des récits qui l’ont précédé.
À travers des interprétations personnelles et des histoires tissées par le worldbuilding, l’exposition CO/CREATE invite les visiteur.ice.s à se plonger dans six espaces spéculatifs. Le public y trouvera une diversité de vies, d’environnements et d’histoires qui reflètent la diversité des artistes elleux-mêmes – leurs origines, leurs intérêts et leurs points de vue uniques sur le monde dans lequel iels vivent et sur les mondes qu’iels envisagent. Ces projets de RV nous invitent à réfléchir à l’interconnexion, au kinship, aux relations au-delà des perspectives anthropocentriques et à l’antagonisme qui se manifeste lorsque nous faisons face aux différences quand il est question de classe sociale, de race, d’orientation sexuelle et de foi. Certains des personnages, des paysages sonores et des imaginaires présentés dans l’exposition renvoient à des identités et à des idées qui n’ont pas encore leur place dans ce monde, et nous rappellent donc les constructions politiques et technologiques qui définissent notre expérience de l’ici, du maintenant et de l’au-delà.
Exhibition text written by Erandy Vergara